Démocratie, démocratie, vous avez dit démocratie?

25, février 2023

Thématique Expressions : démocratie

Le Larousse définit la démocratie ainsi : régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même, sans l’intermédiaire d’un organe représentatif (démocratie directe) ou par représentants interposés (démocratie représentative).
Pour le Littré, c’est une société libre et surtout égalitaire où l’élément populaire a l’influence prépondérante.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en ce moment, elle est bien malmenée puisque l’institution républicaine incarnant la démocratie – l’Assemblée Nationale-  est bafouée.
Un fait historique car pour la première fois une réforme fondamentale pour la vie de chacun d’entre nous est squeezée par le gouvernement.

L’espérance de vie en bonne santé a fortement progressé entre 1980 et 2010 mais la tendance s’inverse, selon  le démographe Hervé Le Bras (65,9 ans pour les femmes, 64,4 ans pour les hommes en 2019).

Repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans condamne toute aspiration des futurs pensionnés à profiter d’un temps libéré pour eux, d’une retraite heureuse.

Les députés n’ont pas pu se prononcer sur cette impopulaire réforme et encore moins sur ses articles phares, notamment l’article 7 qui porte sur le recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans : tripatouillage institutionnel afin de contourner la constitution ou art de faire passer une loi sans vote à l’assemblée nationale.
Il suffit de crier au péril imminent de faillite à propos des comptes de la Sécurité Sociale alors qu’il n’en est rien. Cela reste d’autant plus facile que les principaux concernés, les cotisants,  n’ont plus aucun droit de regard puisque de réforme en reforme la direction et la gestion de celle –ci leur a été extorquée.

C’est par le biais de l’article 47.1 de la Constitution permettant l’utilisation d’ordonnances exceptionnelles non soumises au vote des parlementaires que le gouvernement entend faire adopter cette loi inique. Mieux, l’absence de vote lui offre l’opportunité de rétablir l’article 2 rejeté par les députés, de retenir à sa convenance parmi les amendements adoptés ceux favorables à son projet.

En difficulté, le petit monde macronien s’est évertué à corseter le débat (8 jours et demi ).

Une séquence qui va laisser des traces tant à gauche, qu’à droite.

Bien qu’à gauche tout le monde s’accorde pour dénoncer le fond de la réforme et la volonté gouvernementale de passer vite et en force, on peut, certes déplorer le choix de la France Insoumise de la jouer solo en maintenant ses amendements, une position tranchée en son sein à une voix près lors d’un vote interne.
Un raté stratégique estime Sandrine Rousseau, un jusqu’au boutisme puéril (« les députés FI ont tenu bon même quand les alliés de la NUPES se sont ,hélas alignés sur les leçons de bonne manière de la macronie » dixit  Jean Luc Mélenchon).
« Les communistes, les écologistes et les socialistes voulaient en découdre sur ce fameux article 7 relatif au recul de l’âge de la retraite à 64ans ouvrant la possibilité de battre Macron et sa clique et de mettre un point final anticipé à sa funeste entreprise »,   considère le journaliste Sébastien Crépel.
Un choix partagé par l’intersyndicale hors hémicycle : « Jean Luc Mélenchon  ne favorise pas la clarté des débats »,  Philippe Martinez : « le 7 mars ne sera pas la prolongation du bordel de l’assemblée », Laurent Berger).

Les français ne sauront pas qui parmi les députés veut les faire travailler deux ans  de plus…

Un soulagement pour la droite, elle aussi divisée face au projet du gouvernement.
Aurélien Pradié  par clairvoyance ou fébrilité n’a cessé de réclamer des éclaircissements à  l’exécutif sur la réalité de leur cafouilleux projet concernant les carrières longues jusqu’à menacer de ne pas voter la réforme.
Le député Charles de Courson classé plutôt au centre-droit fustige la méthode gouvernementale et le fond de la réforme des retraites.Il admet que l’exécutif opère un détournement total de la procédure parlementaire avec un seul objectif : empêcher le débat. Il trouve la réforme injuste, mal financée, technocratique, sans aucune réflexion démographique.
Du parfait amateurisme qui engage l’avenir de notre modèle social.
Pour lui, une évidence s’impose : il doit reculer ou proposer un référendum. Sur l’article 2, la minorité présidentielle a été battue de 53 voix, il pense sincèrement qu’elle aurait également battue sur l’article 7 s’il avait été examiné.

 

La démocratie, c’est de tenir compte d’un pays et éviter de le fracturer.

A défaut d’avoir été retoqué ou approuvé, voilà un texte qui sort de l’assemblée dépourvu de toute légitimité.
Comment les sénateurs vont-ils  s’y prendre pour examiner une réforme qui n ‘a jamais reçu le moindre aval des députes ?

Le 7 Mars sera un nouveau coup de semonce pour le gouvernement, aux antipodes de ses  basses œuvres.
La lame de fond populaire que nous vivons  donne une leçon de civisme au pouvoir en place. Elle est parvenue à replacer au cœur de l’espace public le débat politique. Compter sur l’usure du mouvement social ou vouloir passer en force serait périlleux pour le gouvernement tant la détermination du mouvement social, qui a retrouvé le gout de la manifestation, est grande.

Pour une sortie honorable de Macron face une majorité nette du pays opposé à sa réforme, il dispose de deux options :  la plus simple et surement la plus raisonnable est  le retrait ou alors  laisser le peuple décider souverainement par l’intermédiaire de la démocratie directe : le référendum. 

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