N° HORS SERIE MOBILITE (tram-train)
Régulièrement le patronat girondin s’épanche dans le journal Sud-Ouest sur les difficultés de circulation dans le département devenues un handicap sérieux pour l’activité économique. Une situation en constante dégradation, qui va prendre des proportions énormes avec l’entrée en vigueur de la ZFE au 1er janvier 2025.
A cette date, 30% des véhicules en circulation dans la métropole seront touchés par l’interdiction de circuler à l’intérieur de la rocade, sans oublier les 25% des girondins entrant dans la métropole chaque jour qui en seront potentiellement bannis. Une mesure accentuée par une stricte application : 365 jours par an, 24h/24h.
Voilà 11 ans se déroulait «le Grenelle des mobilités de la métropole » : une somme de bonnes intentions et un énorme flop à la veille de l’instauration de la Zone de Faible Emission (ZFE) et de la fin programmée en 2035 des véhicules thermiques.
Un loupé reconnu par les élus métropolitains et les acteurs économiques (la Chambre du Commerce et de l’Industrie). Il serait dû à « un manque de gouvernance commune ».
Le paradoxe est qu’après un tel constat, on persiste à préconiser des solutions certes utiles mais déjà limitées, bien souvent individuelles et basées sur le volontariat (plan vélo, covoiturage, assouplissement des horaires de prise de service, télétravail…).
Pourtant, un sondage initié par la CCI de 2019 pointait la rocade et les axes pénétrants dans l’agglomération comme les principaux désagréments à l’échelle du département (96% des sondés). La question de la mobilité pèse lourdement sur le quotidien des salarié(e)s, au point d’avoir un impact conséquent sur le recrutement .
« Les gens ne veulent plus seulement un contrat, ils veulent aussi un projet de vie, y compris en matière de mobilité. Donc il faut faire gaffe. En clair il faut prendre le problème au sérieux. » (P. Seguin président du CCI).
Dans ce sempiternel débat sur les mobilités, le rail et la gratuité semblent tabous.
Qui soutient la place du rail – au-delà de maintenir l’existant- et la gratuité des transports publics comme incitation à un nouveau mode vie pour relever le défi environnemental et reconquérir l’espace public?
Le temps des grandes infrastructures qui règlent tout comme par miracle est loin derrière, a déclaré le représentant du préfet et donc de l’Etat, à l’issue d’une rencontre tripartite (Etat, Métropole, CCI). Il évoquait sans doute le sort du grand contournement routier, puisque le nouveau préfet s’est dit déterminé à poursuivre le chantier de la LGV.
L’époque des véhicules thermiques étant révolue, le capital a anticipé : les marchandises traverseront l’UE par TGV. Les multinationales des transports (Veolia, Transdev …) sont à l’affût.
Le capital absorbe stratégiquement les critiques environnementales,
il donne ainsi des gages écologiques sans changer le mode de production.
La plupart de ces infrastructures ferroviaires ont été financées par les deniers publics.
Certes, Macron annonce comme objectif de développer le RER dans dix métropoles dont Bordeaux afin de favoriser la « transition écologique ». Le coût de l’opération pour Bordeaux Métropole serait de 15 à 20 milliards d’euros, co-financé par l’Etat et les collectivités.
Le Conseil Départemental a acté une participation définitive de 170 millions d’euros pour la totalité des lignes, quasiment engloutie dans la modernisation de la ligne Bordeaux –Pointe de Grave.
On ne peut que déplorer la non-prise en compte à ce jour de l’indispensable création d’une ligne de tram-train Bordeaux-Lacanau, répondant au besoin de désengorger cet axe entrant sur la rocade, infrastructure très attendue par les élus et la population des communes du quart nord-ouest.
Qu'est-ce qu'un tram-train ?
De même est regrettable le silence dans l’hémicycle des conseillers départementaux des cantons du Sud-Médoc et de Saint-Médard en Jalles, parmi lesquels Jacques Mangon.
Il est heureux que le maire de Saint-Médard en Jalles, Stéphane Delpeyrat, en défendant ce projet à la Métropole, se fasse le porte-parole d’un territoire délaissé en matière de transport.
Cet abandon n’est pas sans conséquence pour les Saint-Médardais : 85% d’entre eux utilisent leur voiture pour se rendre au travail !
Le besoin de se déplacer est un droit fondamental,
la gratuité des transports publics transcende cette liberté.
Elle contribue à mettre en exergue les valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.
Elle efface la barrière de l’argent, participe du développement économique et
établit le désenclavement social.
La gratuité n’est pas un slogan, c’est un acte fort
qui vise à modifier en profondeur le comportement des gens.
La population tout âge confondu s’est appropriée les transports. Dans les quartiers excentrés, les gens se rendent plus souvent au marché dans le centre-ville et dans les centres commerciaux. Les jeunes en ont fait un moyen privilégié pour se déplacer. Cela signifie plus de lien et moins d’isolement.
Le personnel roulant reconnait une amélioration des conditions de travail, une baisse des incivilités.
D’abord hostile à cette « petite révolution », parce que financée par les entreprises de plus de 9 salariés via l’augmentation de leur versement mobilité (passée de 0,80 à 1,80), le patronat y a vite trouvé son compte avec la baisse significative de l’absentéisme et des retards à la prise de service. Une augmentation dérisoire si l’on prend en considération les énormes sommes octroyées aux entreprises – 157 milliards – soit le tiers du budget national. Une manne qui a progressé de plus de 30 milliards d’euros en moins de 20 ans sans pour autant voir une quelconque amélioration des services publics ou une participation notable à l’indispensable transition écologique.
Pendant ce temps, ce sont les travailleurs qui sont pénalisés par une lourde ponction due aux très injustes impôts indirects –TVA, taxe sur les carburants – et maintenant les contraintes de la ZFE.
En France, plus 23 villes, dont Libourne, ont opté pour la gratuité des transports publics, motivées bien souvent par deux raisons : une mesure environnementale (600 morts prématurés dans la métropole bordelaise occasionnés par la mauvaise qualité de l’air) et l’augmentation du pouvoir d’achat.
Réduire l’empreinte carbone dans notre ville, quand pour se déplacer, au regard de l’étendue de la commune, la voiture reste incontournable et que 50% des ménages en disposent au moins de deux, relève de la quadrature du cercle. De quoi préoccuper grandement la municipalité, sur le plan du bien-être et de la santé de sa population.
Pour les communistes, cela passe par l’instauration d’un service de navettes électriques gratuites sillonnant sans arrêts prédéfinis l’ensemble des quartiers, navettes reliées aux épines dorsales constituées par le Bus-Express, les lignes A et D du tram.
En rendant l’accès gratuit au bus-plage pour les Saint-Médardais cet été, la municipalité fait un pas qualitatif dans le débat en ce sens.
Nous appelons de nos vœux le prolongement de la ligne D sous la forme d’un tram-train Bordeaux-Lacanau, seule offre innovante pour compenser la saturation routière du quadrant nord-ouest.
Ils soutiennent le tram-train Bordeaux-Lacanau :
séance plénière du Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine
(…)
ll y a, à l’intérieur de ce schéma, de notre point de vue, une faiblesse sur le Médoc Sud.C’est un projet qui a déjà été porté, expliqué au travers de la liaison qui permettrait de relier Lacanau à la Métropole, avec un projet de tram-train – ou de tram.
Je ne veux pas ici rajouter des millions aux millions. Je voudrais cependant constater que sur l’étude d’impact qui a été menée – en tout cas, les premiers éléments font état, potentiellement, d’un million de passagers par an, le Président ROUSSET n’est pas là, je vais donc en profiter – je crois que les chiffres de voyageurs pour une ligne entre Bedos et Canfranc sont infiniment plus bas et le coût infiniment plus important. Je pense que nous aurions peut-être dû réfléchir à cette liaison avec un peu plus de force.De notre point de vue, cette zone de la carte mériterait d’être mieux desservie.
(…)
Fabien ROBERT, conseiller Régional MODEM
lundi 22 mars 2022
Monsieur le maire de Saint-Médard en Jalles,
(…)
RER métropolitainUne étude sera rapidement lancée pour la mise en œuvre d’une solution type tram-train reliant Eysines Cantinoles à Lacanau.
Elle doit permettre une meilleure insertion du Médoc et du quadrant Nord-Ouest dans le volet ferroviaire de notre schéma des mobilités.
(…)
Alain ANZIANI, Président de Bordeaux-Métropole
5 octobre 2022
Bonjour,
Je suis évidemment très intéressé par ce projet.
J’espère bien peser pour que ce projet, s’il sort, passe par Saumos, car ma commune est en grand manque de transport public et ma population est en attente d’une réponse de la Région à ce sujet qui reste silencieuse et méprisante (…)
Didier CHAUTARD, maire de Saumos
28 octobre 2022
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