Lessiver le passé…

1, février 2024

Thématique Expressions : histoire

C’est à cette tâche que s’attelle le parti de Marine Le Pen  : faire oublier sa filiation avec les mouvements d’extrême droite, pour ne pas dire fascistes,  du siècle dernier.
Ils firent en 1934 vaciller la République ;  ils abhorraient le front populaire ; les principaux protagonistes sombrèrent dans la collaboration vichyste marquée du sceau d’un infâme antisémitisme.

Un mouvement qui doit sa renaissance politique à la guerre d’indépendance de l’Algérie où se sont illustrés par leurs exactions les Le Pen père et consort. Toute la force de ce dernier est d’avoir fédéré 10 ans plus tard une mouvance d’une France d’antan fantasmée, qui va des nostalgiques de l’Algérie française aux catholiques intégristes en passant par les héritiers de « la révolution nationale » de Pétain, ce régime nationaliste, corporatiste, antisémite, anticommuniste, de triste mémoire.

La transfiguration du FN, pour lui donner un visage d’un parti sans passé s’avère payante :  honni peu de temps de cela par les classes dirigeantes qui appelaient à faire barrage contre le FN/RN, le voilà placé par les mêmes  dans la lumière. Son alignement sur les positions du gouvernement d’extrême droite de Benyamine Netanyahou le fait adouber dans « l’arc républicain ».
La journaliste Sonia Mabrouk sur Europe 1 en vint à célébrer en Marine Le Pen « le rempart, la protection,  le bouclier pour les français juifs » tandis que le Figaro et BFMTV faisaient les louanges de Jordan Bardella, le  mettant en exergue avec des bandeaux triomphaux : « Bardella à Matignon, 46% des français séduits », nous apprend le Monde Diplomatique.

Mieux, poursuit-il, Brice Couturier de France culture « révèle le 12/12/2023 dans un tweet,  le désir inavouable d’une fraction croissante des élites françaises : puisqu’il va falloir en passer par un épisode RN (tous les sondages le montrent), pourquoi pas dans le cadre d’une cohabitation puis dissolution? A l’Elysée, Macron garde la main sur la politique étrangère (pas de rupture avec l’Union Européenne et L’OTAN), et il dissout au moment propice en 2026 ».

L’histoire ne se répète pas, elle bégaie (Karl Marx),  et si au FN/RN le bouc émissaire a changé, la matrice du lepénisme demeure foncièrement la brutalité, l’exclusion, la misogynie, un racisme viscéral, une propension à être la roue de secours d’un capitalisme moribond.

Pour mener la bataille culturelle, l’extrême droite, si elle s’accommode d’une complaisance remarquée des grands médias,  a aussi ses parrains secrets. A l’instar de Pierre Edouard  Stérin, patron du fonds d’investissement Otium Capital, propriétaire de Smartbox (lire Humanité magazine du 25/01/2024), cet « exilé » fiscal en Belgique, tient un discours messianique et  s’est choisi  pour mission de « sauver » la France, sa France : « un pays, c’est un peuple et une élite qui l’aime »…

Pour parfaire son délire, il a créé un vaste réseau faussement philanthropique  mais fondamentalement antirépublicain, dénommé « le bien commun », avec une attention particulière aux établissements scolaires privés hors contrat afin de forger cette élite. Le jour où ces jeunes pousses sont suffisamment sorties de terre, il n’est plus possible de les déraciner, se réjouit le directeur d’une officine de ce réseau : la fondation pour l’école. Tout cela est financé par les fonds publics via la défiscalisation des dons. Un comble !

Ginette Kolinka, rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau,  n’est pas dupe de la prétendue métamorphose du FN.
Elle appelle à la vigilance. A la question du journaliste d’Humanité-magazine sur les propos de Serge Klarsfeld affirmant que le RN n’est plus un danger, elle déclare : « Serge  Klarsfeld a le droit de penser ce qu’il veut. Je ne suis pas d’accord avec lui. Marine Le Pen prépare un coup. Pour l’instant, elle fait profil bas et c’est dangereux, justement. On la voyait partout, et là elle se tait… Pourtant, il seront toujours là à dénigrer, à dire que ça n’a pas existé (la Shoah). L’extrême droite attend son heure. »

Ginette Kolinka

Ginette Kolinka

L’antisémitisme se répand encore. Partout en Europe le fléau de la pensée brune prospère sur les dégâts, l’immense  malaise politique et social généré par les choix des gouvernements successifs.
En Allemagne, l’extrême droite a été mise en échec en Thuringe où elle était en passe de conquérir la présidence d’un Landrat, l’équivalent d’un canton français.
Pour autant, elle n’est pas hors-jeu. La mal-vie qui se répand sur fond de réduction des investissements publics et sociaux, qui transforme des territoires en déserts médicaux, des lignes ferroviaires qui ferment, des bibliothèques et des centres culturels qui disparaissent, tout cela alimente le terreau dont se nourrit des deux côtés de la frontière l’extrême- droite.

PCF contre FN

Il faudrait pourvoir changer une ligne réputée indépassable qui privilégie en fait la rentabilité et les profits à tout autre critère, dénonce un économiste allemand, alors que sous  la houlette de la Commission Européenne une nouvelle cure d’austérité est promise aux peuples de l’U.E.

Les agriculteurs en font déjà les frais et le RN comme l’AFD chez nos voisins se démène pour récupérer leur colère.

Une simple dénonciation, un simple consensus, s’il est encore possible contre l’extrême droite, ne suffira pas.

Il va falloir dégager une perspective d’une autre politique européenne libérée du dôme ultralibéral en vigueur dans l’U.E., fédérer, mettre en mouvement les forces hostiles à l’écrasement des peuples des états membres.

C’est tout le sens de la liste soutenue aux élections européennes par le PCF de Léon Deffontaines .     
Européennes 2024. Léon Deffontaines PCF

Européennes 2024. Léon Deffontaines PCF

 

Nous remercions à l’avance l’artiste, Ernest Pignon Ernest,  pour l’emprunt de son œuvre « Commune de Paris, la semaine sanglante » 1971.

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